Etude de cas : “Maîtrise de l’énergie dans le bâtiment”

L’étude de cas menée sur le champ de l’intervention municipale en faveur de la maîtrise de l’énergie dans le bâtiment a pour but de répondre à la problématique suivante :

En quoi la stratégie de conduite du changement contribue-t-elle à favoriser une meilleure maîtrise de l’énergie dans le bâtiment à Loos-en-Gohelle ?

Cette étude de cas teste l’ensemble de la théorie du changement qui a été élaborée en phase de cadrage (voir ci-dessous).

Note préliminaire : cette étude de cas s’appuie sur les documents indiqués en annexe et sur une vingtaine d’entretiens réalisés avec les parties prenantes. Les entretiens sont codés (ex. R1) afin d’assurer l’anonymat des personnes interrogées, et cités entre parenthèses à l’appui des éléments exposés, au même titre que les documents.

L’intervention de la commune sur la thématique de l’éco-construction et de l’éco-réhabilitation

Historique de l’intervention

L’implication de Loos-en-Gohelle sur la thématique de l’éco-construction [1] débute en 1997 [#innovation], avec l’inscription de la commune dans une démarche “d’application volontaire” des principes de la Haute Qualité Environnementale (HQE [2]).

Les premières expérimentations concrètes [#innovation] sont mises en œuvre dans le cadre d’opérations intercommunales, avec le lancement de la rénovation de la Base 11/19 et la réhabilitation de la cité minière “Cité Belgique” (1998). Viennent ensuite les premiers projets communaux avec l’extension de la mairie (1999), et la construction de la salle Duvauchelle (2000)[3].

En 2000, la démarche HQE est reprise dans la Charte du Cadre de Vie de la commune, traduisant les premiers objectifs et actions à mettre en œuvre (voir ci-dessous). Cette même année, la commune se déclare “anti-chauffage électrique”[4].

La démarche Haute Qualité Environnementale

Constat/diagnostic : La promotion de l’approche H.Q.E s’est déroulée jusqu’à présent via des opérations intercommunales […]

Axe stratégique principal : Promouvoir la mise en scène, la valorisation et donc la généralisation de cette approche intégrée de la qualité environnementale.

Actions à mettre en oeuvre :
* Appliquer un cahier des charges HQE pour les actions en maîtrise d’ouvrage communale […] Exiger un effort de recherche de solutions pour économiser les ressources, diminuer les pollutions et les déchets, mettre en adéquation le bâtiment à son environnement, améliorer le confort et le bien-être sanitaire pour l’ensemble des constructions à Loos-en-Gohelle via un cahier des charges (sur le modèle régional)
* Opérations programmées dans ce contexte : centre-ville, équipement polyvalent et autres à venir. (Charte_2000.pdf)

La commune travaille ensuite avec les bailleurs pour “intégrer un niveau d’exigence en fonction des besoins, des usagers et des moyens en indiquant les cibles retenues et l’attention à y porter”(LG_Ville-Pilote.pdf). Depuis, plusieurs projets d’éco-construction [#Innovation] ont été mis en oeuvre en maîtrise d’ouvrage communale ou par des bailleurs [5].

Au-delà de l’intervention directe de la municipalité, plusieurs projets ont également été menés sur le territoire par d’autres acteurs avec notamment :

Actuellement, l’intervention municipale sur la thématique se poursuit autour de 3 principales interventions en cours [7] :

Objectifs

Les objectifs de la commune en termes d’éco-construction s’inscrivent dans le volet “Economie d’énergie” de sa politique énergétique avec la volonté de “systématiser l’écoconstruction et la réhabilitation thermique” sur le territoire (LG_TransitionE_2013.pdf). Pour la construction, le Plan Local d’Urbanisme (PLU) défini en 2013 impose le respect des performances BBC (PLU-Règlement.pdf), et le projet Eco Quartier Ouest vise l’atteinte d’un niveau de performance passif (R6.pdf). Pour les projets de rénovation, l’objectif visé est de 40% à 60% d’économie d’énergie par logement (LG_TransitionE_2013.pdf) ou la performance BBC rénovation 50 kWh/(m².an)(R6.pdf).

De manière plus globale, la commune entend contribuer aux objectifs nationaux fixés dans la lutte contre le changement climatique, et notamment (R6.pdf):
* la contribution à l’objectif national du facteur 4 ;
* D’ici 2020, une diminution de 22% des consommations, et 22% de production d’EnR ;
* D’ci 2050, une division par 2 des consommations.

A l’issu de l’AMO en cours sur la stratégie énergétique du territoire, ces objectifs devraient être reformulés et précisés, notamment suite à la première phase de diagnostic des principaux gisements d’économie d’énergie du territoire, qui semble mettre l’accent sur la réhabilitation du parc privé individuel comme principale source de gisement.

Le projet “Loos Réhab”, dédié à la réhabilitation, met en avant les objectifs suivants (ProjetLoosRéhab.pdf)[#Multicritère]:

Ressources

La commune étant en phase de définition de sa stratégie énergétique, les ressources financières allouées à la thématique sont encore difficilement identifiables. En ce qui concerne les projets portés directement par la commune, un montant de X euros A compléter !

VHO : Par les services si possible… a déjà été investi dans les différents projets d’éco-constructions. Des partenaires financiers sont également mobilisés avec la Fondation de France sur le projet Loos-Réhab, ou encore la Région Nord - Pas de Calais et l’ADEME notamment sur les phases d’ingénierie.

Jusqu’en 2014, une chargée de mission développement durable était référente sur la thématique. Celle-ci étant en arrêt, les référents sont actuellement la responsable du service urbanisme et le directeur des services techniques, mobilisés en mode projet [#Interne]. Un élu référent est également chargé du suivi des projets.

Il n’y a rien spécifiquement sur la maitrise de l’énergie. On a l’équipe projet, avec des réunions. On a des réunions de coopération, le groupe CODIR et le groupe des cadres intermédiaires .

Enfin, la commune mobilise fortement des opérateurs extérieurs pour l’appuyer dans la définition et la mise en oeuvre de sa stratégie et de ses projets [#Expertise], avec notamment les acteurs suivants :

Modalités d’intervention

Les modalités d’intervention de la commune peuvent être envisagées au regard de ses trois principaux programmes ou projets actuels [9] :

On peut également articuler l’intervention de la commune aux marqueurs suivants, caractéristiques de la stratégie de conduite du changement loossoise,[10] :

*[#Mémoire] Une partie du patrimoine bâti de Loos-en-Gohelle est issu du patrimoine minier, certains bâtiments ont été rasés pour faire place à de nouvelles constructions, et d’autres font l’objet de projets de réhabilitation. Pour le projet de réhabilitation groupée, le quartier des Castors a été spécifiquement choisi car celui-ci est composé de maisons “auto-construites” par un groupe d’habitants dans les années 50 et disposant ainsi de structures proches. De plus, cela permet de faire référence à des symboles de coopération et d’autonomie (EtudeLDobigny.pdf). Le projet de l’Eco Quartier Ouest vise quant à lui à relier plusieurs quartiers excentrés issus d’anciennes cités minières.

*[#Multicritère] La thématique de l’éco-construction n’est pas prise en compte de manière isolée dans l’intervention de la commune, comme le montrent les objectifs économiques (mobilisation des entreprises) et sociaux (lutte contre la précarité énergétique) qui lui sont associés.

*[Implication] Le projet des Castors repose sur la sensibilisation et la mobilisation des habitants. De façon plus générale, des comités de pilotage et comités techniques sont mis en place pour les principaux programmes et projets de la commune mobilisent afin d’impliquer les différents acteurs concernés.

Changement de posture des acteurs du territoire

Les changements observés

La posture positive des acteurs associés à la thématique de l’éco-construction concernant le territoire et la ville est relativement claire. Le changement de posture de ces derniers se traduit aussi, pour certains, par l’acquisition de connaissance, ou le développement de leur confiance envers les autres acteurs impliqués. Ces éléments sont détaillés par catégories d’acteurs ci-dessous.

Des habitants avec une vision positive du territoire

Les habitants interrogés ont une vision positive de leur territoire, et mettent notamment en avant les qualificatifs et arguments suivants : “très nature”, calme, attractif, bon cadre de vie, paisible, animé (R13.pdf, R14.pdf, R15.pdf, R16.pdf, R17.pdf, R18.pdf). Ils semblent avoir acquis une certaine fierté de leur territoire, et se sentent en responsabilité par rapport à la ville (R6.pdf, R7.pdf).

Une large majorité d’entre eux ne connaît pas les actions de la commune en détail (R3.pdf, R14.pdf, R15.pdf, R16.pdf, R17.pdf), mais apprécie son intervention qui est considérée comme “dynamique”, qui “sort du lot”, avec une envie de mettre en avant le territoire et ses habitants (R7.pdf, R12.pdf, R13.pdf, R14.pdf, R15.pdf, R16.pdf, R17.pdf, R18.pdf). Un “coeur” d’habitants semble plus convaincu et impliqué dans la démarche (R5.pdf).

[Ces habitants] sont « sensibles », ils vivent déjà ce que fait la mairie, ils sont impliqués. Ce sont des bases sûres, ils ont un rôle d’exemple et on n’a pas besoin de les convaincre, ils adhérent globalement au projet (R5.pdf).

Les habitants interrogés témoignent d’une vision positive et d’une confiance en leur maire (R14.pdf, R15.pdf, R16.pdf, R18.pdf), en leurs élus (R13.pdf, R14.pdf, R15.pdf, R16.pdf, R18.pdf)et dans les services (R13.pdf, R14.pdf, R15.pdf, R16.pdf, R18.pdf).

Monsieur le maire fait beaucoup pour ses citoyens. Il intervient au niveau des gens, il est accessible.(R18.pdf)

Il semble aussi exister une confiance inter-habitants, ou du moins une bonne interconnaissance (R13.pdf, R15.pdf, R16.pdf, R17.pdf). Pour certains, cette relation de confiance se limite seulement à leurs pairs (notamment sur des critères économiques et sociaux) (R14.pdf, R18.pdf).

Les habitants, en règle générale, ne paraissent pas plus sensibles à la thématique de la maîtrise de l’énergie que sur d’autres territoires, du moins tant qu’ils ne sont pas directement pas touchés par une opération (R1.pdf, R2.pdf, R3.pdf). Néanmoins, certains semblent avoir acquis des connaissances sur la thématique et les actions qu’ils peuvent mettre en oeuvre (R4.pdf, R5.pdf, R6.pdf, R9.pdf, R15.pdf, R16.pdf, R17.pdf, R18.pdf).

Pour les ampoules, les prises, la mise en veille […] On a appris des choses que l’on en savait pas.(R17.pdf)

Les habitants possèdent des savoirs-être coopératifs (R10.pdf, R13.pdf, R15.pdf, R17.pdf, R18.pdf), lesquels, pour certains, ont été acquis récemment (R14.pdf, R16.pdf).

Pour moi, ça s’est amélioré. Les premières années [où j’habitais ici] je n’étais pas recluse, mais j’ai eu l’occasion de m’améliorer (R14.pdf).

Des élus et services sensibles à la thématique

Les élus et services sont plutôt convaincus et impliqués dans la démarche de la mairie (R1.pdf, R3.pdf, R6.pdf, R7.pdf, R8.pdf, R13.pdf, LoosRéhabIntranet.pdf). Néanmoins, certains sont qualifiés de “suiveurs” plutôt que de “convaincus”(R1.pdf, R12.pdf, R1.pdf, R13.pdf).

Ils apparaissent sensibles et qualifiés sur la thématique de l’éco-construction (R2.pdf, R3.pdf, R7.pdf, R8.pdf, R9.pdf, R12.pdf, E12.pdf), notamment quand ils sont comparés à d’autres territoires de la région par les bailleurs (R1.pdf).

Ils ont beaucoup évolué. Ils prennent conscience des marges de manœuvre, des actions qu’il faut faire pour correspondre à des grands objectifs […]Ils ont pris conscience de tout ça et sont amenés à faire bouger leur manière de voir les choses.(R7.pdf)

Les élus semblent également être en capacité d’être à l’écoute des autres acteurs du territoire (R6.pdf, R12.pdf), mais, pour l’un des acteurs interrogés, ne semblent pas en mesure de pouvoir mener des concertations complexes sur la thématique (R1.pdf).

Non, ils ne sont pas forcément en capacité de mener le débat […] C’était le problème au début, il y avait une vision énergie qui manquait.(R1.pdf)

Une commune innovante pour les bailleurs

Les bailleurs interrogés ont une image positive du territoire et sont convaincus par la démarche de la commune. Ils la considèrent comme une commune innovante, impliquée et attractive à la fois pour les entreprises et les chercheurs (R1.pdf, R2.pdf, R3.pdf, R4.pdf). Loos-en-Gohelle est ainsi reconnu régionalement par ces derniers pour son implication sur la thématique (R5.pdf). Les bailleurs sont également en relation de confiance avec les élus et agents, qualifiés par ces derniers comme sensibles et compétents dans la thématique concernée. Les bailleurs ont eux-mêmes progressivement acquis des connaissances sur l’éco-construction ces dernières années (R1.pdf, R2.pdf, R3.pdf), et commencent à former des réseaux (R3.pdf).

Loos-en-Gohelle est une ville favorable à l’innovation (R3.pdf).

Pour les autres acteurs

Pour les autres acteurs, on peut noter les changements suivants :

C’est un territoire qui me semble très dynamique, c’est la seule commune qui a mis en place ce type de programme sur le territoire. Ils sont en avance (R8.pdf).

Ils sont en train de comprendre que l’enjeu c’est le parc bâti ancien (R6.pdf).

Les indices de contribution de la stratégie de conduite du changement

Faire, innover, expérimenter

Les actions de la commune, et notamment ses actions innovantes [#Innovation], sont un des premiers facteurs permettant une représentation positive du territoire ou de l’action de la ville.

Pour les habitants, c’est ainsi les différentes actions menées qui traduise son dynamisme, et son engagement pour le “bien vivre” de ses habitants”(R13.pdf, R14.pdf, R16.pdf, R17.pdf, R18.pdf).

Je sais que le Maire essaye de faire son possible pour améliorer [la ville]. Il y a eu l’installation des jeux près de chez moi, et un espace de vie près des pompiers.(R16.pdf)

Pour les bailleurs ou encore les services de la CALL, c’est notamment cette propension à faire, innover et expérimenter, soit directement soit avec ses partenaires, qui conduit directement à une représentation de la commune comme investie et innovante sur la thématique (R1.pdf, R2.pdf, R3.pdf, R8.pdf).

L’image que j’en ai, c’est que l’on peut bien faire des expérimentations sur d’autres communes, mais pas forcément portées par la commune. Là, c’est porté par la commune (R1.pdf).

C’est également le caractère innovant de son intervention qui permet à certains bailleurs de se former sur les projets engagés (R2.pdf, R3.pdf, E6.pdf). Par exemple, l’un des bailleur interrogé a pu retenir des leçons de son implication dans Villavenir, en privilégiant par la suite la conception optimisée des bâtiments à l’installation d’équipements complexes, ce qui lui a permis de prendre de l’avance sur les orientations de la RT 2012. Dans ce cadre, il a également engagé un partenariat avec une expertise externe, la faculté de Béthune, qu’il a intégré sur le long terme (R3.pdf).

Sur le programme Chênelet, il y a eu des chauffe-eaux solaires. En termes de gestion et d’intégration du système, c’est complexe. Mais le retour pour le locataire a été bon. Pour l’entreprise, c’était également un nouvel équipement, donc il a fallu l’intégrer […] Cela nous a servi, notamment sur des projets en dehors de Loos-en-Gohelle.(R2.pdf)

La visibilité d’une ville pilote

La mise en visibilité du territoire et sa médiatisation positive en tant que “ville pilote” renforce la représentation positive qu’en ont les acteurs du territoire. Dans un cercle vertueux, la ville est considérée attractive car elle a déjà su attirer des projets sur son territoire, notamment avec le CD2E et le CERDD (R1.pdf, R4.pdf, R6.pdf, R7.pdf, R12.pdf, R10.pdf, E6.pdf, EtudeLDobigny.pdf).

C’est la volonté politique qui a fait venir le CERDD, le CD2E. Cela devient un aspect de marketing territorial. On vient à Loos-en-Gohelle pour la marque, parce que l’on sait que l’on va y trouver une expertise, c’est la référence.(R4.pdf)

L’expertise pour monter en compétences

Le recours à l’expertise externe a permis de former les élus et les habitants sur la thématique. C’est notamment le cas du CAUE, qui a organisé des voyages thématiques pour les élus, ou encore de l’AMO énergie, qui a spécifiquement formé ces derniers (R5.pdf, R7.pdf, R12.pdf).

Ils nous disent que certaines cibles sont atteignables, ils nous mettent en relation avec des lieux où ils ont déjà eu une l’expérience concrète. On a fait des visites de réalisations où l’on invite le Conseil municipal. C’est important d’essayer d’aller voir ailleurs. Sur l’habitat, on est allé en Hollande, les élus sont allés en suisse. Cela couvrait plusieurs thèmes de l’habitat et de l’énergie. C’était avec le CAUE, qui nous a beaucoup aidés sur l’architecture.(R5.pdf)

Le recours à Habitat & Développement et au CD2E a aussi été un support précieux pour former les habitants (R5.pdf, R9.pdf, R10.pdf, R12.pdf).

On avait toujours des interlocuteurs extérieurs. On marchait beaucoup avec le CD2E. On avait plein de visites chez eux. […] Ils ont les bonnes informations.(R9.pdf)

Une équipe municipale expérimentée avec qui dialoguer

L’image de la commune et la confiance que peuvent lui accorder les acteurs du territoire sont également renforcées par la sensibilité et les compétences des équipes sur la thématique (R1.pdf, R2.pdf, R3.pdf).

Il y a une bonne maitrise du sujet, monsieur le Maire et ses collaborateurs savent ce que c’est, ils savent de quoi on parle quand on va présenter un projet.(R2.pdf)

De plus, le processus de recrutement des agents de la commune comprend une dimension “sensibilité au développement” dans les profils des postes recherchés, et donc des agents recrutés (R7.pdf, R12.pdf)

Je travaille au service [X] de Loos-en-Gohelle. J’ai été recruté parce que j’avais ces prédispositions sur le développement durable. C’était marqué dans l’offre d’emploi (R12.pdf).

De plus, au sein des organisations, la sensibilité personnelle des techniciens, et leurs relations interpersonnelles, peuvent avoir un rôle prépondérant dans l’adhésion à la démarche (R4.pdf, R12.pdf).

Un récit convaincant, séduisant

Le récit proposé par le maire apparait comme convaincant auprès de certains acteurs, notamment les bailleurs et les élus (R3.pdf, R4.pdf, R7.pdf). Néanmoins, il est incertain que récit puisse être porté par d’autres élus que le Maire lui-même, aucun exemple d’un tel portage n’ayant pu être recueilli.

Le directeur [du bailleur] est ensuite venu. Jean-François Caron a fait son “bla-bla” sur Loos, et ils étaient tous émerveillés.(R4.pdf)

Celui-ci semble, en revanche, peu toucher les habitants. En effet, aucun d’entre eux ne fait référence à ce récit pour expliquer sa vision positive du territoire (R13.pdf, R14.pdf, R15.pdf, R16.pdf, R17.pdf, R18.pdf).

L’implication des acteurs sur le long terme

Certains habitants ont développé une volonté d’implication dans les différentes actions à force de sollicitation de la commune, ce qui crée une certaine “dynamique”(R9.pdf, R14.pdf).

C’est le fait qu’on nous sollicite souvent. Je ne serais pas allé me renseigner. Ça déclenche plus d’implication que lorsque [j’ai emménagé ici il y a 7 ans].(R14.pdf)

Il en est de même pour les énergéticiens qui comprennent progressivement la position de la commune et changent de positionnement en s’insérant dans une réflexion partenariale sur sa stratégie énergétique (R6.pdf, R7.pdf).

Je pense qu’ils ont appris [en termes de coopération]. Quand ils sont venus tout seul nous voir on leur a dit : on ne veut travailler pas avec un seul partenaire.(R6.pdf)

Les autres explications

Un maire charismatique, médiatique, et aux multiples casquettes

Le Maire de Loos-en-Gohelle, Jean-François Caron, est connu, charismatique, et dispose d’une médiatisation importante (R6.pdf, R7.pdf, R12.pdf, E6.pdf, C2.pdf, EtudeLDobigny.pdf). Il sait parfaitement manier le récit de transition de sa commune (R7.pdf, R12.pdf), qu’il peut relayer via ses différents mandats, notamment celui de conseiller régional (R1.pdf, R7.pdf). De plus, cette posture lui permet d’être qualifié sur la thématique (R1.pdf, R2.pdf, E6.pdf, EtudeLDobigny.pdf). C’est également le cas d’autres élus de la Région, comme le Maire de Grande-Synthe (R1.pdf).

Il a construit une réflexion approfondie sur l’ensemble des facteurs. Il arrive à simplifier ce discours et à ce que les gens se l’approprient. Et comme il a plusieurs mandats dans plusieurs structures, ça aide.(R7.pdf)

Certains projets ayant permis aux acteurs de monter en compétences se sont ainsi installés sur le territoire, au moins en partie, par la position régionale du Maire (R4.pdf, E6.pdf).

Villavenir c’est Jean-François Caron, mais pas le Maire de Loos.(R4.pdf)

La figure charismatique du maire participe également au changement de posture des élus et services (R1.pdf, R3.pdf, R8.pdf). Ses relations personnelles permettent, quant à elles, de mobiliser l’expertise pertinente pour former les élus (R5.pdf).

On a un Maire qui est tellement rigoureux là-dessus, on est obligé d’aller de l’avant. C’est notre but, c’est son but. C’est sans arrêt. On ne peut pas vraiment faire autrement (R8.pdf).

Des relais à d’autres échelons

Les politiques menées à d’autres échelons, notamment régional, peuvent être favorables au changement de posture des acteurs sur la thématique. C’est notamment le cas de la Troisième Révolution Industrielle [11] portée par la Région Nord - Pas de Calais. Celle-ci dispose également d’une grande médiatisation, avec les interventions de Jérémy Rifkin, et de fonds engagés sur la réhabilitation du bâti (R1.pdf, R4.pdf, R6.pdf).

Les objectifs de la TRI vont dans le sens de l’évolution des bailleurs actuellement. Les objectifs énoncés rentrent sur des points de notre évolution. Avec la TRI, il y a des fonds, et on se rend compte qu’il y a un coup à jouer (R1.pdf).

Les orientations et événements nationaux, voire internationaux pour la COP21, ainsi que les sujets traités par les médias semblent également être propices au message porté par la commune et par la commune (R6.pdf, R7.pdf, R10.pdf).

D’autant plus que [le Maire] est appuyé depuis 2 ou 3 ans à l’échelon national. Ses discours sont transmis médiatiquement. Il n’est plus isolé. Il ne fait que transcrire cela (R7.pdf).

Les bailleurs, notamment, peuvent être amenés à changer de posture en raison de la législation nationale, dont ils anticipent l’évolution (R1.pdf, EtudeLDobigny.pdf), ou à s’engager dans des programmes de réhabilitation innovants financés par des fonds nationaux ou européens (R3.pdf, R4.pdf, IFORE.pdf).

Les bailleurs sont précurseurs, quand il y a une réglementation à venir, on anticipe les choses et on s’engage.(R1.pdf)

Les bailleurs peuvent également se former et se rencontrer dans des structures régionales, notamment celles implantées à Loos-en-Gohelle, comme le CD2E. De plus, ils peuvent se former et rencontrer d’autres partenaires sur des projets innovants menés sur le territoire par des acteurs régionaux (R1.pdf, R3.pdf).

Je vais toutes les semaines au CD2E, qui a un groupe sur le développement passif et plein d’autres actions […]J’y croise les autres bailleurs […]On s’est impliqué dans les projets qu’ils peuvent mener. Ils nous servent de veille réglementaire et technologique, et on a leurs retours dans leurs réunions information (R1.pdf).

Enfin, concernant la sensibilisation des habitants, la CALL mène également des actions dans le cadre du programme Habiter Mieux qui couvre le territoire de la commune (R8.pdf, R10.pdf).

Des bailleurs déjà engagés

Les bailleurs sont déjà engagés depuis longtemps dans le domaine de l’écocontruction (R1.pdf, R2.pdf, R3.pdf). La plupart d’entre eux ont ainsi déjà lancé des programmes en interne pour structurer leurs actions sur la thématique (R2.pdf, R3.pdf). Leur implication est à la fois technique, mais aussi sur la problématique d’implication des habitants (R1.pdf, R2.pdf, R3.pdf, R4.pdf, R10.pdf, E6.pdf).

Avec [notre programme], la volonté de notre direction est d’essayer d’être pro actif sur la rénovation et construction.(R3.pdf)

Mobiliser une filière, un enjeu d’envergure régional et de long terme (facteur limitatif)

La mobilisation de la filière de l’éco-construction semble être un chantier d’envergure régional et de long terme ([[R1]]. Ainsi, la mobilisation des entreprises sur les dernières années semble être principalement le fait des initiatives d’acteurs régionaux comme le CD2E (R1.pdf, R10.pdf, R12.pdf).

[Former et sensibiliser les entreprises], c’est une problématique d’un département, d’une région […] et cela prend du temps.(R1.pdf)

Participer pour acquérir des connaissances

Il semble que les acteurs soient plus en mesure d’acquérir des connaissances lorsqu’ils sont associés directement à une intervention. Ce paramètre semble se vérifier aussi bien pour les habitants que pour les organisations comme les bailleurs (R2.pdf, R4.pdf). Le simple “donner à voir” ne permet pas forcément une acquisition de connaissances pour ces derniers (R2.pdf, R3.pdf).

Il faut faire pour se rendre compte […] Sur nos programmes, on a appris des choses par notre propre expérience. Sur Villavenir, on a eu quelques retours, mais c’est presque anecdotique par rapport aux autres retours d’expériences […] On a notre expérience à nous et du mal à intégrer le retour d’expérience des autres.(R2.pdf)

Partis pris politiques au niveau de la CALL (facteur limitatif)

L’implication des élus de la CALL peut être ralentie par leur couleur politique différente de celle de la commune (R7.pdf, R13.pdf, E6.pdf, C2.pdf, C13.pdf).

Les convictions et acquisitions de connaissances personnelles

Les habitants comme les élus peuvent avoir acquis des connaissances et s’être forgé des convictions dans un cadre personnel ou professionnel autre. C’est notamment le cas pour les savoirs-être collaboratifs (R13.pdf, R14.pdf, R18.pdf)ou les connaissances thématiques (R6.pdf, R13.pdf, R14.pdf)qui sont souvent également acquis dans le milieu professionnel.

C’était déjà ma manière de faire avant d’arriver à Loos-en-Gohelle, l’art du compromis est un art mais j’ai fait de la gestion de personnel (R13.pdf).

De plus, au sein des organisations, la sensibilité personnelle des techniciens, et leurs relations interpersonnelles, peuvent avoir un rôle prépondérant dans l’adhésion à la démarche (R4.pdf, R12.pdf).

Co-construction d’une action publique de meilleure qualité

Les changements observés

En raison de la multiplicité des parties prenantes concernées par la thématique de l’éco-construction, celles-ci sont amenées à s’exprimer dans des espaces de concertation différents, et sur des échelles d’actions ou des projets différents. Cette partie présente donc les changements observés par types d’acteurs, selon les espaces de concertation dans lesquels ils sont représentés :

Néanmoins, on peut noter que :

Des habitants qui ont pu choisir une typologie de travaux

Les habitants ne sont pas encore associés à la définition de la stratégie énergétique du territoire, celle-ci en étant encore à ses prémices (R4.pdf, R6.pdf, R7.pdf).

Ils sont néanmoins mobilisés, à l’initiative de la mairie, sur le projet de réhabilitation groupée des Castors (voir la présentation détaillée du projet proposée en annexe) afin qu’ils puissent eux-mêmes définir leur stratégie d’intervention. Environ 20 personnes ont participé à la première réunion publique de présentation du projet, pour 75 ménages sollicités (R9.pdf, NoteLoosRehab.pdf). Ensuite, une dizaine d’entre eux a manifesté son intérêt et participé aux réunions de sensibilisation mises en oeuvre. Finalement, environ 4 ménages ont participé aux dernières réunions concernant la demande de devis à des entreprises (R13.pdf).

Les participants sont surtout de jeunes couples. Les femmes vivant seules et les habitants du quartier exerçant des métiers du bâtiment n’ont, en revanche, pas participé(R13.pdf). Certaines personnes âgées ont participé à la première réunion d’information, mais se sont désengagées par la suite (R9.pdf). Pour un des participants, les habitants du quartier qui ont participé sont surtout ceux qui sont impliqués depuis longtemps dans l’action de la mairie (R24.pdf).

Les habitants ont abordé les réunions avec une envie de partager leurs expériences (R9.pdf, R10.pdf, R13.pdf). L’ensemble des habitants estime avoir pu s’exprimer, et avoir été en capacité d’écoute lors des réunions, ce qui a conduit à des échanges intéressants selon eux.

Sur l’exemple des Castors, [l’animatrice] a constaté qu’ils avaient vraiment envie de partager leurs projets, d’apporter de la matière (R10.pdf).

Suite aux diverses réunions menées, les ménages ont pris la décision collective et partagée de s’orienter vers une typologie de travaux unique, avec l’isolation des toitures (R9.pdf, R13.pdf, R17.pdf).

On a priorisé. Il s’est trouvé que la rénovation sous toiture arrivait en tête.(R13.pdf)

Néanmoins, lors de la phase suivante, les ménages ne se sont pas coordonnés sur les demandes de devis à effectuer, et ont donc obtenu des offres très hétérogènes, ce qui peu remettre en question la possibilité d’une intervention groupée (R13.pdf, R10.pdf, R17.pdf).

Les quelques devis que j’ai pu voir sont supérieurs au mien, j’aurais bien voulu que l’on soit d’accord sur le matériel utilisé, la façon de le poser. On a des devis différents.(R13.pdf)

Des bailleurs qui donnent une place aux usages

Les bailleurs ont activement participé aux comités de pilotage, aux comités techniques et aux travaux prospectifs et d’évaluation mis en place dans le cadre du projet Eco Quartier Ouest. On y retrouve ainsi les structures suivantes : le groupe SIA, Maisons & Cités et Pas de Calais Habitat (CotechQO2013.pdf). Dans le cadre de ces comités et ateliers, ces derniers ont principalement pu mettre en avant la prise en compte des usages dans les projets envisagés (R1.pdf, R4.pdf, CotechQO2013.pdf).

J’apporte beaucoup de choses dans ce genre de réunion. Il y a beaucoup de techniciens, et moi j’allie le côté technique et le côté usage. J’apporte un point de vue différent sur l’utilisation des bâtiments, un point de vue pratique.(R1.pdf)

Les bailleurs ont été écoutés lors de ces réunions, et leurs remarques semblent intégrées par la commune (R1.pdf, R4.pdf). Il est néanmoins difficile de juger des applications concrètes, le projet en étant au stade des études préliminaires (CotechQO2013.pdf).

Les bailleurs ont joué le jeu et apporté une vision de l’habitant. Quand on chausse les lunettes de l’énergéticien, on a quelques problèmes car tel type d’innovation technique peut être difficilement pris en main par les habitants. Cela permet donc une prise en compte de leurs problématiques, sur lesquels on n’avait pas de vision […] On a compris leur façon de fonctionner (R4.pdf).

Des énergéticiens qui s’intègrent dans la définition de la stratégie énergétique

Les différents partenaires volontaires, dont les énergéticiens (EDF, GRDF), se sont intégrés dès le départ dans la définition de la stratégie énergétique, au sein d’un comité Expert (R6.pdf, R7.pdf). Les énergéticiens participent aux réflexions menées (R6.pdf, R7.pdf) et fournissent des données ou des plans de réseaux (R6.pdf). Au sein de ces organisations, de nouvelles personnes participent au comité(R7.pdf).

Ils ont des propositions pour les projets de rénovation, EDF et GRDF ont donné des données, des plans de réseaux, et participent à la réflexion (R6.pdf).

Même s’ils changent petit à petit de position, les énergéticiens sont encore dans un “round d’observation”, et ne dévoilent pas franchement leur position (R6.pdf, R7.pdf). Certains essaient encore de proposer des solutions de manière bilatérale à la mairie (R6.pdf, R7.pdf)

Il y a une compétition qui s’opère. Il faut qu’ils passent de concurrents à partenaires, mais ce n’est pas simple […] Ils ne délivrent pas encore leurs cartes et leurs manières de faire.(R7.pdf)

Les élus mobilisés font également valoir leur expertise de connaissance du territoire, font des propositions (par exemple sur le choix des matériaux) et collaborent avec les partenaires associés (R6.pdf, R7.pdf).

Les élus, oui, [ils ont fait valoir des choses]. Ils ont des connaissances du territoire. Quand les premiers chiffres sont sortis sur l’état des lieux du territoire, ils ont pu dire : “Non, ce n’est pas bon”. Mais ils arrivent aussi à écouter.(R6.pdf)

Après la phase de diagnostic du territoire, encore en cours, les énergéticiens seront associés au choix du mix énergétique (R6.pdf). Certains partenaires se retrouvent cependant progressivement écartés dans le rôle qu’ils pourraient y jouer (R7.pdf).

Enfin, le CD2E a également pu être mobilisé sur les premières phases de l’étude, notamment en apportant des données (R6.pdf).

La qualité des choix techniques de la commune

La commune a fait des choix techniques de qualité sur différents projets. C’est notamment le cas pour le projet d’intégration de panneaux photovoltaïques sur le toit de l’église, dont le rendement est qualifié de performant. Ces choix pourraient, de plus, être reproductibles (R4.pdf).

On a réussi à faire une opération en intégration paysagère, car on ne voit pas les panneaux, et la production est 50% supérieure à ce qui était prévu. Ça, on pourra le réitérer où l’on veut.(R4.pdf)

Les indices de contribution de la stratégie de conduite du changement

Les leviers de participation des habitants

La commune a dans un premier temps mobilisé les anciens habitants des Castors qui avaient pu connaître, ou être informés, de l’initiative d’auto-construction développée par le passé. Cela a permis d’améliorer la mise en place projet et la participation des habitants (R5.pdf, R9.pdf, R10.pdf, R12.pdf, R13.pdf, R14.pdf). Elle a aussi impliqué en premier lieu le coeur d’habitant convaincu par la démarche (R5.pdf).

[Les anciens des Castors] savent de quoi on parle et ils ont pu le raconter aux jeunes. C’est grâce à ce groupe que l’on peut arriver à quelque chose. Ça a tiré le projet.(R9.pdf)

La multiplication de l’implication habitante par la commune pourrait aussi, en partie, expliquer la mobilisation des habitants (R6.pdf, R9.pdf, R10.pdf, R12.pdf) et leur capacité à s’exprimer dans ce genre de démarche (R9.pdf, R10.pdf). Plusieurs habitants ont également choisi de participer à la démarche pour relayer leur adhésion au projet communal (R12.pdf, R17.pdf).

Oui, car c’est la commune qui a lancé le projet. J’estimais que c’était important, et j’avais le souhait de participer à quelque chose de collectif.(R17.pdf)

L’intégration volontaire de partenaires motivés

La réflexion sur la stratégie énergétique a été lancée en 2014, à l’issue de la réflexion sur la construction de l’Eco Quartier Ouest. Pendant les différents COPIL, les partenaires ont également pu exprimer leur motivation et la nécessité de créer un cadre commun de réflexion sur la thématique (voir en annexe, l’extrait du compte-rendu du comité de pilotage Quartier Ouest (R7.pdf, CotechQO2013.pdf)

C’est ensuite la commune qui a exprimé le souhait, auprès de son AMO, d’associer les différentes parties prenantes dès le début de la définition de sa stratégie énergétique (R7.pdf).

C’est la commune qui a souhaité associer les énergéticiens, pour avoir un travail collaboratif d’information et d’idées, pour trouver des choses qui fonctionnent aussi au niveau régional ou privé mais à l’échelle communale, avec par exemple des bailleurs qui ont déjà fait des choses.(R7.pdf)

Un acteur indique cependant que le fait d’intégrer des partenaires très tôt dans la concertation, dès le stade de diagnostic du territoire, peut entraîner l’éviction de certains d’entre eux dont les caractéristiques ne correspondent pas aux orientations qui se définissent pour le territoire (R7.pdf).

Le recours à l’expertise

L’animation et la concertation, une expertise à part entière

L’animation réalisée par Habitat&Développement sur le projet des Castors a permis de mettre les ménages en capacité de prendre une décision collective et partagée sur la typologie de travaux à privilégier. L’animatrice leur a ainsi proposé d’exposer les différents critères de choix, collectés lors des entretiens individuels, pour les laisser décider collectivement de la solution qu’ils jugeaient comme la plus pertinente. A contrario, lorsque l’animatrice a dû quitter son poste, les habitants n’ont pas su continuer dans une direction commune, et se sont dispersés sur des demandes de devis hétérogènes (R13.pdf). L’animatrice serait également parvenue à “mettre tout le monde à l’aise” lors des réunions, favorisant ainsi les échanges (R17.pdf).

[Le choix du type de travaux] était issu des entretiens individuels, mais elle ne nous a pas dit : “Voilà, c’est ça”. Elle nous a laissé nous réunir en nous disant : “les entretiens sont passés, merci de rappeler les points essentiels. Je n’ai pas le droit de vous l’imposer. Il faut que ça sorte du groupe”. Mais, ensuite, on a fait des choix de matériaux différents. Quand [l’animatrice] va voir que le premier devis est à 7000 euros et l’autre à 70 000 euros, elle va nous dire de nous accorder.(R13.pdf)

Pour l’animation de la concertation sur le projet de l’Eco Quartier Ouest, la démarche APIcité mise en place par Airele a également permis de créer un espace supplémentaire d’expression des acteurs, notamment sur les différents critères d’évaluation du projet (R1.pdf, R7.pdf). Celle-ci a également permis de mobiliser les partenaires sur un temps long (R4.pdf)[12].

Étant donné que du point de vue du projet de l’Eco Quartier Ouest, il n’y avait pas beaucoup d’avancement, le fait d’insérer cette démarche sur l’ensemble de l’année 2014 a permis de ne pas perdre le contact avec les acteurs impliqués dans les Cotech.(R4.pdf)

L’expertise du CD2E sur les projets communaux

Le CD2E permet à la commune d’avoir une expertise pertinente à disponibilité sur la thématique (R4.pdf, R12.pdf), et le CAUE a également épaulé la commune pour faire des choix techniques pertinents sur différents projets en termes d’architecture (R5.pdf).

Au vu de la faible équipe dans la mairie, en termes de charge de travail, nous ne sommes pas capables de porter les projets tout seuls. C’est moins cher et plus intéressant de faire appel au CD2E, plutôt que de faire un appel d’offres. Cela permet d’avoir une réponse rapide, qui colle à la question que l’on pose.(R4.pdf)

Cette expertise a permis à certains projets communaux d’être techniquement performants. Cela a notamment été le cas pour l’appui du CD2E sur le projet d’intégration de panneaux photovoltaïques sur le toit de l’église (R4.pdf).

Il y a la réussite de l’église, avec l’intégration de panneaux solaires grâce au CD2E et au travail que l’on a fait ensemble. Ils nous ont donné des billes sur les aspects techniques, sur les fournisseurs.(R4.pdf)

Progresser par l’expérimentation

Ce sont en partie les expérimentations auxquels ont pu participer les différents bailleurs qui leur ont permis de mettre en oeuvre des projets plus performants sur le territoire. Ces derniers ont ainsi appris de leurs erreurs, ou ont pu mieux anticiper la législation (R2.pdf, R3.pdf). C’est également le cas de la commune sur ses propres projets (R5.pdf).

C’est un projet qui a évolué, on a appris des erreurs de Villavenir 1 […]Il vaut mieux bien concevoir le bâtiment pour dire qu’il consomme peu, que de mettre des équipements difficiles à gérer. Et si ces équipements ne fonctionnent pas bien, on a des factures qui explosent.(R3.pdf)

L’intérêt et l’implication dans la démarche

La participation et la contribution des énergéticiens à la définition de la stratégie énergétique vient de leur intérêt pour la démarche, et de l’effet vitrine attendu par celle-ci (R6.pdf, R7.pdf).

[Ils participent] pour cette histoire de marque Loos-en-Gohelle. Ils cherchent des territoires pilotes pour leur transition énergétique. Ils estiment que LG a acquis une notoriété dans un milieu d’expert, TEPOS etc. Loos-en-Gohelle est mise en avant. Ils essayent de s’y raccrocher, car il y a un effet de communication.(R7.pdf)

Leur participation, de plus en plus efficace, est quant à elle permise par leur changement de posture progressif [voir Changement de posture des acteurs, Indices de contribution, L’implication des acteurs sur le long terme].

Des processus collaboratifs en interne encore limités

La création d’un groupe projet au sein de la commune, concernant la définition de la stratégie énergétique, a permis aux agents de la commune de travailler efficacement sur le projet (R6.pdf). Néanmoins, la contribution des processus collaboratifs en interne à une meilleure action publique semble encore limitée sur l’ensemble de la thématique. Les élus concernés ne semblent pas touchés par la démarche (R5.pdf, R9.pdf). Pour les services techniques, certains affirment que le processus est surdimensionné (R4.pdf) lorsque d’autres regrettent de n’être pas encore concernés, de par leur position dans l’organigramme, afin d’ajuster des problèmes de coordination (R6.pdf).

Sur la maîtrise de l’énergie, ça [met le bazar] pour des problématiques internes. Sur ce sujet, on en a tous un bout, moi j’en ai même gros morceau. Mais plus vous démultipliez les gens qui ont un petit bout… ce que je veux dire c’est qu’on fait un tuyau pour une vache alors qu’il n’y a qu’un mouton qui y passe dedans.(R4.pdf)

Ils sont en train de construire les CODIR, et le groupe Cadres, mais pas encore le groupe chef de projet, alors que tous les jours on a besoin d’aide. On a des difficultés avec les services techniques qui ont déjà leur planning, c’est difficile de demander des choses.(R6.pdf)

Les autres explications

Le manque de ressources (facteur limitatif)

Le principal frein au développement du projet des Castors semble être actuellement le manque de ressources pour mobiliser les acteurs. Ainsi, l’absence des animatrices à la fois de la commune et d’Habitat&Développement bloque son avancement ou conduit à un certain essoufflement ou sentiment d’abandon de la part des habitants (R9.pdf, R10.pdf, R14.pdf, R17.pdf, R24.pdf).

Nous si on n’a pas de techniciens on ne peut rien faire. On a pas les éléments, c’est [l’animatrice] qui va à la recherche d’aide, au contact des artisans. Il y a un manque d’interlocuteur en mairie. J’en ai parlé au maire, ça ne bouge plus. Et [la nouvelle personne référente] est débordée aussi.(R9.pdf)

L’absence des 2 animatrices entraine, non pas une démotivation, mais un sentiment d’abandon. Il va falloir profiter de la rentrée pour avancer (R9.pdf).

Dans le cadre des différents Copils et Cotechs sur l’Eco Quartier Ouest, les agents sont également moins disponibles pour participer du fait de leur surcharge de travail (R4.pdf).

Ici, je suis toute seule avec d’autres choses à gérer. Je n’ai pas le temps d’assister à autant de Cotechs et Copils que je le souhaiterais sur le projet.(R4.pdf)

Les services et élus de la commune mettent également en avant le manque de ressources financières pour que la commune puisse porter des projets en propre (R4.pdf, R5.pdf, R6.pdf, R12.pdf).

Ce qui marche moins bien, c’est notre capacité financière, sur ce que l’on maîtrise nous-mêmes. Et notre capacité de portage technique. On porte un projet d’une commune de plus de 10 000 habitants.(R4.pdf)

Motivations et contraintes personnelles

Un grand nombre de motivations et contraintes personnelles ont pu conduire les habitants à participer au projet :

Je n’ai pas participé à tous les évènements, comme les petites visites, car les enfants ont leurs activités. C’est difficile de se libérer.(R14.pdf)

Le caractère intrusif du débat peut également freiner les échanges entre les participants (R13.pdf).

Certains habitants trouvent certaines actions un peu trop intrusives. Par exemple, une des premières choses que j’ai dite, c’est de mettre des ampoules basse consommation et d’utiliser les heures creuses pour faire baisser la facture. [Ils ont eu l’air de dire :] “Qu’est-ce qu’elle nous dit celle- là ?”. J’ai senti que mes remarques et conseils étaient mal perçus.(R13.pdf)

Un Maire médiatique et aux multiples “casquettes”

L’aspect médiatique et les différentes “casquettes” du Maire peuvent avoir contribué à attirer les énergéticiens sur la commune. Par ailleurs, une expertise pertinente a pu être mobilisée pour l’expérimentation du programme APIcité grâce aux relations personnelles de Jean-François Caron (R4.pdf, R7.pdf).

[Les énergéticiens] veulent trouver des territoires et s’appuyer sur Jen-François Caron pour relayer.(R7.pdf)

Des acteurs peu habitués à être associés à la définition des politiques publiques (facteur limitatif)

Les espaces de concertation mis en place dans le cadre des projets de la commune semblent faire appel à des modes de gouvernance, ou de gestion de projets, nouveaux pour certains acteurs, notamment privés, dont on sollicite une posture inédite. C’est le cas des énergéticiens dans le cadre de la définition de la stratégie énergétique, et des entreprises mobilisées sur le projet de logement vitrine. Une nouveauté qui peut expliquer les difficultés de certaines parties prenantes à s’inscrire dans les espaces de concertation (R4.pdf, R7.pdf, R12.pdf, EtudeLDobigny.pdf).

[Les énergéticiens] n’ont pas l’habitude qu’on les associe sur un projet de territoire. Mais c’est intéressant, car on voit aussi que, dans certaines structures, cela oblige à aller chercher d’autres personnes qui font des choses avancées sur ces sujets-là.(R7.pdf)

Les histoires de dialogue compétitif avec les groupements, l’idée était pas mal. Ça, c’est une expérimentation, et on devait s’engager sur la performance. Mais la dimension administrative a été “loupée” complètement. C’est la gouvernance du projet qui est différente.(R4.pdf)

Les limites de l’échelon communal (facteur limitatif)

Le périmètre à considérer pour la définition de la stratégie énergétique devra peut-être être étendu à un territoire plus large que celui de la commune (R4.pdf, R6.pdf) pour avoir un effet significatif en termes d’amélioration de la qualité de l’action publique. La Région, notamment, insiste pour que la question du périmètre soit “reconsidérée”(CotechQO2013.pdf).

On se rend compte que le territoire de Loos est un peu petit. L’étude pourra porter sur le territoire de la CALL pour les problématiques similaires.(R4.pdf)

La priorité au débat et à l’expertise technique

Dans le cadre des échanges qui peuvent avoir lieu dans les instances de concertation, les acteurs reprochent que l’expertise technique soit la plus mise en avant, au détriment d’autres enjeux et critères d’analyse.(R4.pdf, R7.pdf)

Il ne faut pas mettre que des lunettes d’énergéticien. Notre rôle [en tant que services de la commune], c’est de gérer des projets à 1000 thématiques. Même si on à 0 énergie comme objectif, ce n’est pas pour autant que l’on va tous rasé pour mettre tout sur pilotis. On agit par des aménagements urbains de qualité, sans pour autant s’assujettir des autres rôles d’une commune : le patrimoine, la forme urbaine… On entre toujours pas des questionnements pluridisciplinaires dont fait partie l’énergie. Quand on discute avec [l’AMO énergie], ils ne parlent que d’énergie. Rifkin ne parle que d’énergie et de numérique, alors que nous on doit gérer 30 ou 40 thèmes obligatoires.(R4.pdf)

Nous, [en tant qu’AMO énergie], on est en « confrontation » avec les ST et les partenaires, car ils sont encore sur cet aspect très techniques, comment on fait les réseaux intelligents…

Les personnes ressources en interne

Il semble que l’existence ou l’identification de personnes ressources en interne sur la thématique favorise la participation des organisations dans les processus de concertation (R4.pdf, R12.pdf). Par exemple, Pas-de-Calais Habitat a un responsable développement durable en interne qui s’est fortement impliqué dans les instances de concertation. Au contraire, aucune personne ressource n’a pu être identifiée pour le moment à la CALL.

La CALL ne vient jamais, on aimerait bien les inviter dans le cadre de l’AMO énergie mais on n’arrive pas à trouver la personne ressource (R4.pdf).

Innovation, attractivité et opportunités vs stratégie pertinente et cohérente (facteur limitatif)

La pertinence et la cohérence de l’intervention de la commune sur la thématique peuvent être limitées par la primauté accordée aux opérations innovantes et aux opportunités liées aux sollicitations des acteurs, plutôt que de se focaliser sur la réponse aux besoins du territoire et à la coordination des réponses apportées. Certains acteurs parlent ainsi de contrainte normative à l’innovation (EtudeLDobigny.pdf). C’est notamment pour cette raison que la commune a souhaité s’engager dans la définition d’une stratégie énergétique, afin de passer de l’addition de projets pilotes à une véritable stratégie (R4.pdf, R6.pdf, R7.pdf).

Il s’agit vraiment de prendre du recul sur ce qu’ils ont fait historiquement, de leur faire comprendre les priorités du territoire […] pour avoir une vision qui sorte des projets pilotes. Ils ont tendance à fonctionner avec des opportunités si une entreprise veut faire quelque chose, mettre en place en produit. Mais on ne sait pas si ce service va correspondre à des objectifs à moyen ou long terme. Par exemple, on n’arrive pas à positionner l’achat d’un véhicule électrique, qui ne s’intègre pas dans un schéma.

Amplification des résultats de l’action publique

Les changements observés

Des habitants qui passent à l’action

Certains habitants impliqués dans le projet des Castors ont effectivement engagé des devis. Certains attendent l’avènement du projet groupé pour passer à l’action, quand d’autres ont d’ores et déjà lancé des travaux sans attendre la fin du projet (R4.pdf, R9.pdf, R10.pdf, R13.pdf).

Les habitants ayant participé aux ateliers énergie ont effectivement modifié leurs pratiques comme le changement d’ampoules, l’arrêt complet des appareils électriques ou le changement de leur contrat d’énergie (R10.pdf, R15.pdf, R16.pdf, R18.pdf).

Oui, les gestes on les a appliqués, pour les ampoules, les prises, la veille des appareils.(R16.pdf)

Des projets d’éco-constructions portés par les bailleurs sur le territoire

Les bailleurs proposent et réalisent des projets d’éco-constructions sur le territoire de Loos-en-Gohelle, il s’agit notamment de projet innovants (R2.pdf, R3.pdf, R4.pdf).

Sur le nouveau BEPOS, encore en cours, on va tester une chaufferie bois que nous n’avons pas encore sur notre patrimoine (R3.pdf).

Le bailleur initialement impliqué dans la réalisation des premières constructions de l’Eco Quartier Ouest s’est retiré (R1.pdf, R4.pdf), mais un autre a pu rapidement s’y substituer (R1.pdf).

De plus, d’autres acteurs du territoire, comme la FREDON, réhabilitent également leurs bâtiments sur les principes HQE (R5.pdf).

Des énergéticiens déjà engagés

Les énergéticiens engagés dans le processus de définition de la stratégie énergétique du territoire proposent de mettre en oeuvre des projets sur le territoire (R1.pdf, R4.pdf, R6.pdf, R10.pdf), et ils sont déjà engagés dans la réalisation de plusieurs études pour la commune (R6.pdf).

ERDF est venu avant-hier, il nous ont donné un document des chiffres intéressants. Ils ont proposé de faire une étude à l’échelle des 3 villes.(R4.pdf)

Des implications concrètes de leur part, notamment le portage direct de projet ou leur financement, sont attendues pour la suite (R4.pdf, R6.pdf).

Les indices de contribution de la stratégie de conduite du changement

Un terrain propice aux innovations

C’est avant tout parce que la commune propose un terrain propice aux innovations, voire demande ou pousse leur intervention, que les bailleurs ou des projets régionaux viennent réaliser des projets innovants et performants sur le territoire (R1.pdf, R2.pdf, R3.pdf, R4.pdf, R5.pdf, E6.pdf).

Évidemment, on est à l’origine des choses, mais la mairie est demandeuse. On sait, en arrivant sur ce territoire que la mairie va être réceptive […] et ils nous poussent à aller dans un certain sens.(R2.pdf)

Un territoire « vitrine », une marque attractive

Les énergéticiens semblent contribuer à la stratégie énergétique du territoire pour profiter de son aspect “vitrine” (R4.pdf, R6.pdf, R7.pdf). Lors de la phase de définition du plan d’action de la stratégie énergétique, la commune pourra mettre à profit leur implication dans la démarche en les incitant à s’engager pour la réalisation ou le financement d’une ou plusieurs de ces actions (R4.pdf, R6.pdf, R7.pdf).

En comité Partenaires,[…] chacun devra prendre une carte [correspondant à un projet].(R6.pdf)

Quand on en sera à la feuille de route, ils vont devenir porteurs de projet.(R4.pdf)

L’aspect “vitrine” du territoire semble également inciter les bailleurs à réaliser des projets sur le territoire (R4.pdf, R5.pdf). Ils sont notamment convaincus par le récit du maire (C2.pdf), comme c’est par exemple le cas pour Villavenir (R4.pdf, E6.pdf) et pour le bailleur qui a a pris le relais sur l’Eco Quartier Ouest suite au désengagement du premier (R4.pdf).

Les bailleurs et lotisseurs viennent parce que Loos est une vitrine pour eux (R5.pdf).

Le directeur du bailleur est ensuite venu. Jean-François Caron a fait son “blabla” sur Loos et ils étaient tous émerveillés. Ils sont tous allés sur la friche et le directeur a dit : “On va venir chez vous, on va profiter de la marque Loos-en-Gohelle”.(R4.pdf)

Des élus qui adhèrent et portent la démarche

Certains élus impliqués dans la démarche et convaincus par la stratégie de la commune parviennent à faire agir les structures dans lesquelles ils sont représentés. C’est le cas notamment de l’élu référent avec la FREDON.

Je suis administrateur d’un syndicat professionnel qui s’appelle la FREDON. On était dans des bâtiments qui appartenaient à l’Etat. Lors de la rénovation, on a vu l’opportunité d’avoir un bâtiment HQE et on l’a fait parce que l’on était à Loos. Les dirigeants, dont je fais partie, le conseil d’administration, on avait conscience que c’était un moyen de rénover et de communiquer là-dessus. On se voulait exemplaire aussi.

Des habitants mobilisés, sensibilisés et informés qui peuvent passer à l’action

Pour les habitants mobilisés sur le chantier des Castors ou dans les ateliers énergie, la réalisation d’actions de maîtrise de l’énergie a pu être influencée par :

Le CCAS nous a permis de réaliser 3 ateliers, avec un groupe qui semble se structurer. Il y a une demande, là c’était d’éplucher les factures […] Ailleurs, on n’a pas la même demande transversale, ou on y répond par différents dispositifs.(R10.pdf)

Pour le petit groupe des Castors, le fait d’être venu et d’avoir constaté de visu là ou se font les déperditions de chaleur, cela incite, même s’ils ont déjà rénové et que ce n’était pas forcément la meilleure façon (R9.pdf).

Les autres explications

Un village minier

Il existe intrinsèquement et historiquement une relation privilégiée entre les habitants de la commune, qui est décrite comme un village ou tout le monde se connait. La Mairie peut ainsi jouer sur ces atouts pour mobiliser les habitants (R10.pdf, R12.pdf, R14.pdf).

Ca ne me faisait pas peur de participer, comme c’est des gens de Loos-en-Gohelle, on connait tout le monde.(R14.pdf)

Les autres critères de décision pour les habitants

Pour les habitants, d’autres critères de décisions peuvent bloquer ou favoriser leur participation ou leur engagement dans des actions en faveur de la maîtrise de l’énergie :

Suite au devis, on n’a rien fait car on a eu un problème avec les volets et cela ne nous a rien laissé [comme capacité d’investissement].(R17.pdf)

Des cadres supra-territoriaux incitatifs pour des bailleurs volontaires

Comme précisé précédemment (voir Changement de posture des acteurs, Les autres explications, Des relais à d’autres échelons), les bailleurs déjà engagés sur cette thématique et sont également incités à s’engager sur la thématique par des cadres supra-territoriaux.

Les limites financières des bailleurs

Malgré le positionnement volontaire des bailleurs, ces derniers peuvent être freinés dans leur volonté de s’engager dans des projets d’éco-constructions performants pour des raisons financières (R1.pdf, R4.pdf, R5.pdf). Par exemple, pour le projet d’Eco Quartier Ouest, le bailleur initialement prévu n’a pu se positionner sur un niveau de performance suffisant (RT 2012 au lieu de passif) en raison du coût du projet (R1.pdf, R4.pdf). De plus, malgré les engagements de la direction du nouveau bailleur impliqué sur le projet, ils semblent que les discussions avec les équipes techniques de celui-ci soit rendus difficiles en raison de cette contrainte financière (R4.pdf).

[Le bailleur] devait nous faire 3 ou 4 bâtiments à l’entrée de l’Eco Quartier Ouest. On a réfléchi avec eux, et ils nous ont dit : « On n’y arrive pas, on peut vous faire du RT 2012 et un ou 2 logements passifs ».(R4.pdf)

De plus, malgré les engagements de la direction du nouveau bailleur impliqué sur le projet, il semble que les discussions avec les équipes techniques de celui-ci soient rendues difficiles en raison de cette contrainte financière (R4.pdf).

On a ensuite eu une deuxième réunion entre techniciens des 2 côtés, mais on est plus sur les mêmes discours. Ils disent : « C’est trop grand, trop d’argent ».(R4.pdf)

Le maire, une personnalité déterminante pour la mise en place de certaines nouvelles actions

Dans certains cas, de nouvelles actions sont initiées sur le territoire suite à une intervention directe de Jean-François Caron :

Et quand vous travaillez avec des élus sur leurs communes pour aller dans leur sens, vous savez qu’ils ne peuvent parler qu’en bien de vous au niveau régional. Ça peut motiver.(R1.pdf)

Impacts thématiques

Les changements observés

Les premiers impacts observés sont décrits ci-dessous par catégorie d’impacts attendus.

Un environnement attractif, propice à l’émergence de nouveaux projets structurants

Un des premiers impacts observables est l’amélioration de l’attractivité du territoire. Ainsi, comme rappelé précédemment (voir la partie Changement de posture, Les changements observés), l’ensemble des acteurs semble avoir une vision positive du territoire. C’est notamment le cas des opérateurs destinés à intervenir sur le territoire, qui voit le projet comme une vitrine et souhaite profiter de la “marque Loos-en-Gohelle”.

Certains opérateurs des actions de la commune, comme Habitat et Développement, se sont précisément installés sur la commune en raison de son image (R10.pdf).

On a cherché un lieu plus régional que départemental, et notre recherche a abouti autour de Lens et Loos-en-Gohelle. Il y a l’impact de la ville qui nous a donné envie, vu qu’une bonne partie de notre activité est dans l’environnement.(R10.pdf)

Meilleure maîtrise de la consommation et de la production d’énergie

Les impacts thématiques de la stratégie de conduite du changement de la commune sont principalement, pour l’instant, observables à l’échelle d’opérations individuelles. En effet, au-delà des opérations pilotes, les premiers programmes visant à massifier l’intervention de la commune sont toujours en cours (Loos Réhab) ou en phase d’élaboration (Quartier Ouest et stratégie énergétique).

Sur Loos Réhab, nous n’avons pas encore de résultats (R4.pdf).

La commune a accueilli un nombre important d’opérations d’éco-constrution sur son territoire (voir le tableau proposé en annexe). De plus, la construction de logements performants pourrait se massifier avec l’arrivée prochaine de l’Eco Quartier Ouest et, à terme, la construction de 600 logements (EtudeLDobigny.pdf).

Certains projets, comme l’opération Chênelet (6 logements sociaux aux objectifs énergétiques ambitieux) ou l’installation de panneaux photovoltaïques sur le toit de l’église, sont considérés comme particulièrement performants (R2.pdf, R4.pdf, R6.pdf). Certaines des opérations de la commune entrainent, de plus, une réduction des factures énergétiques pour les habitants.(R6.pdf, R9.pdf, R10.pdf, R15.pdf, R18.pdf).

Les bonnes expériences, c’était Chênelet, les maisons en bois. Une personne a seulement payé 194 euros/an de facture énergétique (R6.pdf).

Au contraire, certains projets pilotes, comme Villavenir, peuvent poser des difficultés techniques ou d’usage et n’ont pas eu la réussite escomptée au niveau de la maîtrise de l’énergie et de la réduction des charges (R2.pdf, R6.pdf, E6.pdf, EtudeLDobigny.pdf)].

Enfin, toujours en miroir à l’état d’avancement des programmes, peu de réhabilitation individuelles semblent avoir pour le moment été menées par les habitants (R8.pdf, ExtractionCALL.pdf), et les entreprises sont encore dans une première phase de mobilisation sur le projet vitrine (R4.pdf, R12.pdf).

Des liens sociaux plus denses, plus inclusifs et plus durables

Pour les habitants engagés dans les projets de la commune, comme la réhabilitation groupée des Castors ou les ateliers énergie, le principal impact direct de leur participation semble être le renforcement du lien social. Ainsi, les gens se connaissent mieux, se parlent plus, se disent “bonjour” (R13.pdf, R14.pdf, R16.pdf, R17.pdf).

Avec d’autres habitants de Loos-en-Gohelle, des personnes de ma rue, on ne se connaissait pas avant. On se parle maintenant.(R16.pdf)

Les indices de contribution de la stratégie de conduite du changement

Des liens sociaux plus denses, plus inclusifs et plus durables

C’est parce que la commune a impliqué les acteurs dans les différents projets que ces derniers ont pu renforcer leur liens, que ce soit pour le projet des Castors ou les ateliers énergie (R13.pdf, R14.pdf, R16.pdf, R17.pdf).

Essaimage auprès d’autres acteurs

Les changements observés

Certains bailleurs réalisent d’autres projets, sur d’autres territoires, en utilisant les enseignements acquis sur les projets menés sur le territoire loossois (R2.pdf).

[On a eu des difficultés techniques sur ce projet], et oui ensuite cela nous a servi sur des projets en dehors de Loos-en-Gohelle.(R2.pdf)

D’autres échelons territoriaux, notamment au niveau de la communauté d’agglomération ou de ses communes, pourraient s’inspirer des actions menées si celles-ci sont concluantes (R8.pdf, C2.pdf).

J’espère de bons résultats oui, et j’aimerais bien que ce programme réussisse pour servir de cas d’école pour les autres communes. On serait tous dans la même dynamique.(R8.pdf)

Les autres explications

L’essaimage sur les autres territoires est fonction de la sensibilité de ces derniers sur la thématique (R2.pdf, R8.pdf)et peut se heurter aux partis pris politiques (voir Les autres explications du paquet causal, “Changement de posture des acteurs du territoire).

Essaimer ? Oui la commune pourra se faire porte-parole mais la réceptivité des autres communes est une question. Quand on est sourd, on n’entend rien.(R8.pdf)


  1. ”Une éco-construction prend en compte la préservation de l’environnement et de la santé, depuis sa conception jusqu’à sa fin de vie, propose un réel confort à ses usagers et cherche à s’intégrer le plus respectueusement possible dans son milieu en privilégiant des ressources naturelles et locales.”, L’éco-construction, c’est quoi ?, site internet de la commune.  ↩

  2. La haute qualité environnementale (HQE) est un concept environnemental français datant du début des années 1990 fondé sur un référentiel de quatorze cibles, qui peut être intégrée dans les offres d’architecture et d’ingénierie visant à améliorer la conception ou la rénovation des bâtiments et des villes, en limitant le plus possible leur impact environnemental néfaste. Source Wikipédia  ↩

  3. Un tableau recensant les opérations menées sur la thématique est disponible en annexe.  ↩

  4. L’éco-construction, c’est quoi ?, site internet de la commune.  ↩

  5. Voir le détail des projets en annexe.  ↩

  6. Le projet se veut particulièrement innovant, et mobilise plus de 100 technologies différentes  ↩

  7. Voir le détail de chaque intervention en annexe.  ↩

  8. Voir la description de la démarche APIcité proposée en annexe).  ↩

  9. Pour rappel, ces projets sont présentés en détail en annexe.  ↩

  10. Voir également les marqueurs [#innovation], [#interne] et [#expertise]cités ci-dessus.  ↩

  11. http://www.latroisiemerevolutionindustrielleennordpasdecalais.fr/  ↩

  12. La rapport “Poids du passé, défis futurs : Temporalités de l’action environnementale dans une ancienne commune minière (Loos-en-Gohelle, Pas-de-Calais), Dobigny L., Raineau L., 2015, met plus généralement en avant l’intérêt du recours à l’expertise pour le travail d’animation (en p.24).  ↩